Cette étude publiée le 27 mai dernier porte sur le stress des entrepreneurs. Il s'agit de dirigeants de TPE (0 à 19 salariés) et de PME (20 à 249 salariés).
J'ai lancé en mars dernier un appel à une vision partagée sur le stress au travail. Un des arguments de cet appel porte sur la reconnaissance du fait que les entrepreneurs ont eux-aussi des facteurs de risques psychosociaux. Je rappelle que cet appel vise à deux objectifs :
- la reconnaissance par les entrepreneurs eux-mêmes de leurs propres facteurs de risques psychosociaux (ceci pour sortir d'une forme de déni assez répandue),
- une reconnaissance mutuelle vis à vis des risques psychosociaux entre les dirigeants d'une part et les salariés d'autre part.
Voici quelques enseignements que j'ai tiré de l'analyse de cette étude :
- la durée hebdomadaire de travail est supérieure à 50 heures avec plus d'un tiers des entrepreneurs pour qui cette durée dépasse 60 heures
- les dirigeants de TPE ressentent un niveau de fatigue équivalent aux salariés (68%; un peu moins pour les dirigeants de PME)
- dirigeants de TPE et PME d'une part et salariés d'autre part sont logés à la même enseigne en terme de ressenti du niveau de stress (65%).
- concernant le ressenti de la fatigue et du stress, les dirigeants de TPE déclarent un niveau plus élevé que les autres catégories référencés (29% des dirigeants de TPE se sentent très stressés contre 23% des salariés).
- l'étude a questionné les dirigeants sur une liste de facteurs de stress. Le facteur N° 1 est l'évolution du carnet de commandes (plus de 60% : 64% pour les TPE et 69% pour les PME).
Pour les dirigeants de TPE, viennent ensuite la situation de la trésorerie (59%) et la charge de travail (54%)
Pour les dirigeants de PME, viennent ensuite la gestion du personnelle (67%, donc au même niveau que le carnet de commandes) et la charge de travail, la situation de la trésorerie et la crainte des impayés (chacun autour de 50%) - par ailleurs, les entrepreneurs ont été interrogés par rapport à des situations à risques :
- le risque de ne pas pouvoir faire face aux obligations financières : plus de la moitié des TPE y ont été confrontées une ou plusieurs fois (16% et 38%)
- le risque de voir l'entreprise disparaître : près de 40 % des TPE y ont été confrontées une ou plusieurs fois (15% et 24%). Pour les PME, 1/4 d'entre elles sont concernées.
- le risque d'avoir à se séparer d'un collaborateur donnant pourtant satisfaction : 1/3 des PME y ont été confrontées une ou plusieurs fois (18% et 17%). - concernant les impacts du stress, les entrepreneurs ont été interrogés sur les conséquences en terme d'angoisse, de problèmes de santé et d'insomnie.
- La moitié des entrepreneurs sont confrontés aux insomnies.
- Les dirigeants de TPE sont plus touchés que leurs homologues des PME en terme d'angoisse et de problèmes de santé.
Près de 60% des dirigeants de TPE sont touchés (respectivement 42% et 34% pour les dirigeants de PME).
Bien entendu, ces éléments ne visent pas à répondre au stress des salariés par le stress des dirigeants. Il s'agit simplement que tout un chacun prenne conscience que le stress au travail, ça concerne tout le monde : les salariés, les dirigeants, les bénévoles dans les associations, les auto-entrepreneurs, les commerçants et artisans, les agriculteurs, les fonctionnaires, ceux qui aimeraient travailler, qui en sont empêchés et qui travaillent à trouver du travail ... et tous ceux que je n'ai pas mentionné car la liste serait longue.
Je vous invite à cette occasion à signer l'appel sur une vision partagée sur le stress au travail.
Faire évoluer les états d'esprit, voici donc à mon sens un préalable pour la prise en charge de manière efficace de la souffrance au travail et de la qualité de vie au travail.
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